RETRAITE & AUTONOMIE
Avenir & Financement de la retraite : ce qu'il faut retenir
Le 29 septembre dernier, notre Matinale Avenir & Financement de la retraite a réuni une cinquantaine de personnalités afin de partager les convictions de la place sur les nouveaux produits et enjeux du marché de la retraite individuelle et collective.
Cet article restitue ces quatre heures de dialogues et de débats sur la retraite et propose :
- Un premier bilan de la loi PACTE et en particulier du démarrage des nouveaux produits PER (PERI, PERCO, PERO) ;
- Un portrait du retraité de demain et de ses besoins ;
- Une rétrospective des tendances de marchés actuelles et à venir vis-à-vis des besoins et services en matière de retraite.
Un an après la Loi Pacte : les planètes sont alignées, un certain optimisme domine.
De manière générale, les assureurs ont exprimé leur satisfaction vis-à-vis du démarrage des nouveaux produits d’épargne retraite.En effet, d’une part l’application de la loi PACTE et de ses nouveaux PER (Plan d’Épargne Retraite) et, d’autre part, les débats sur la réforme des retraites, ont donné lieu à une longue séquence d’actualité sur le sujet de la retraite et ont rappelé aux Français l’importance de se couvrir face à ce risque.
Par ailleurs, un consensus s’est exprimé sur la qualité des nouveaux dispositifs d’épargne-retraite individuels et collectifs qualifiés de plus lisibles et attractifs, notamment grâce à deux nouvelles caractéristiques : la portabilité des dispositifs (par l’intermédiaire des compartiments) et la possibilité de sortie en capital à échéance.
Deux chiffres sont venus illustrer cet optimisme sur les PER Individuels : environ 210.000 ouvertures[1] depuis leur lancement et 1,6 milliards d’€ investis[2].
Néanmoins, le succès des nouveaux produits s’exprime encore au conditionnel, compte tenu notamment du contexte actuel de crise sanitaire, que ce soit :
- Au niveau des contrats collectifs (et de l’épargne salariale), avec une tendance de la part des entreprises à retarder la mise en place des dispositifs devant l'impératif de maintien de l’activité ou la priorisation d’autres risques tels que la prévoyance (risque pour lequel les petites entreprises sont mal équipées a-t-il été constaté en séance).
- Au niveau des contrats individuels, avec une faible culture du risque et de l’épargne long terme des individus et un réseau de distribution (agences notamment) handicapé par la situation sanitaire.
Le retraité de demain : « de toute façon, nous n’aurons pas de retraite ». Vraiment ?
Des actifs désorientés aux projections confuses.
Indépendamment du contexte sanitaire, connaître sa cible et ses besoins reste la condition sine qua non du succès des nouvelles offres retraite. C'est pourquoi nous avons profité de cet événement pour restituer notre portrait du retraité d'aujourd'hui et de demain réalisé cet été avec l'institut BVA et notre partenaire Alphonse.
En premier lieu, l'étude révèle une certaine perplexité des individus face à leur retraite, voire, pour une bonne partie d’entre eux, de l’angoisse. En cause, tout d’abord, le rappel régulier des déséquilibres économiques et démographiques qui font régulièrement la une et qui alimentent le doute dans l’avenir et la pérennité du système de retraite. La conséquence est une perception pessimiste de sa future retraite. Les actifs, retraités de demain, éprouvent un sentiment de déclassement (seules 15% des personnes interrogées pensent avoir à la retraite une meilleure qualité de vie que leurs parents) tandis que 58% des retraités actuels appréhendaient le passage à la retraite.
Pourtant, et de manière contradictoire, l'étude met en évidence un certain attentisme des actifs face à ce risque : 1/3 des actifs pensent rarement, voire pas du tout à leur retraite, et la moitié seulement de temps en temps. Par ailleurs, alors que la préparation de la retraite inquiète, la perception de la vie à la retraite reste très positive : pour 81% des actifs la retraite serait synonyme de loisir, détente et liberté.
Trop peu accompagnés, les Français se révèlent donc désorientés face à la retraite et leur projection dans cette étape de la vie apparait au mieux incertaine.
Quels acteurs pour accompagner les futurs retraités ?
Nous avions une bonne et une mauvaise nouvelle à partager aux participants à la matinale :
- La mauvaise, c'est que le secteur de l’assurance n’est pas encore perçu comme un acteur fort de la retraite. Ainsi, l’étude révèle que la moitié des retraités et pré-retraités interrogés n'associent tout simplement pas les assureurs, mutuelles, etc. à l'univers de la retraite. Lorsqu'ils le sont, leur compétence sur le sujet est mise en question (53%). Du côté des actifs, le secteur en général pâtit d'un manque de confiance : 60% du panel ne fait plutôt pas confiance aux assureurs.
- La bonne, c'est que les perspectives sont positives pour les assureurs : 72% des actifs prédisent un rôle accru des assureurs dans le financement des retraites à l'avenir. En outre l'étude révèle que les assureurs ont peu de concurrents puisque les régimes de retraite et l'État ne sont pas plus reconnus. En fait, près de la moitié des actifs prédisent un désengagement de l'État tandis que les retraités comptent majoritairement sur leurs amis et leurs proches pour les accompagner.
Tout l'enjeu pour les acteurs de l’assurance est de parvenir à se positionner comme une référence dans le domaine de la retraite en offrant à leurs clients une information globale et fiable pour leur permettre de reprendre la main sur un risque qu’ils ne maitrisent pas.
À quoi ressemblera l'accompagnement du retraité de demain ?
Même si le besoin de l'actif dans la préparation de sa retraite se concentre principalement sur deux questions : « Combien vais-je gagner à la retraite ? » et « Quand vais-je partir à la retraite ? », les assureurs ne peuvent s'en tenir à cela pour se différencier.
Pour autant, le montant de la pension est bien la préoccupation majeure de 58% des retraités interrogés, tandis que 90% des actifs jugent indispensable d'avoir une source de revenus complémentaire à la retraite de base.
La date du départ en retraite est également une inconnue qui reste une préoccupation forte alors même que la bascule actif/retraité tend à être moins nette qu'auparavant, du fait notamment de la réforme des retraites. Le principe même du départ à la retraite sera également moins radical : près de la moitié des pré-retraités interrogés souhaitent réaliser des "petits jobs" ponctuels une fois à la retraite. La moitié des actifs interrogés estiment quant à eux qu'ils auront probablement besoin de continuer à travailler après leur retraite et même, pour 2/3, qu’ils cumuleront surement emploi et retraite.
Accompagner le financement de la retraite, accompagner aussi le bien-vieillir.
Néanmoins, l'étude révèle que le retraité de demain se pose deux autres questions majeures : "Que vais-je faire à la retraite ?" et "Comment me préparer à prendre de l'âge ?". Ainsi pour 39% des actifs interrogés, préparer sa retraite c'est aussi sécuriser loisirs et voyages. De fait, ils considèrent qu'ils seront des retraités plus dynamiques et ouverts sur le monde que les retraités d'aujourd'hui.
De plus, 32% d'entre eux considèrent que préparer sa retraite consiste aussi à préparer sa propre dépendance ou celle de ses proches, a fortiori dans la mesure où ils s’attendent à être encore plus isolés que les retraités d’aujourd’hui (proportion croissante plus la tranche d’âge est basse). Pour les retraités d'aujourd'hui, les préoccupations sont variées mais ont principalement trait à leur utilité sociale et à la préservation de leur bien-être.Il semble donc que le retraité de demain ait décidé de se réapproprier son risque en exprimant 3 besoins :
- Être accompagné par des spécialistes ;
- Sécuriser la couverture financière de sa retraite ;
- S’assurer de bien vieillir.
Ce qui lui manque encore : des acteurs en capacité de lui proposer une stratégie retraite sur-mesure.
Des questions sur le portrait du retraité d'aujourd'hui et de demain (étude YCE/BVA/Alphonse, été 2020) ? Contactez rscote@yce-partners.
La vente du PER : tendances d’aujourd’hui…
La présentation de cette étude et les premières convictions partagées par les intervenants ont permis d’identifier deux enjeux importants :
- Monter en compétence dans l’accompagnement des clients sur la retraite et les produits PER :
- Retraite : se mettre en capacité d’adresser les problématiques complexes de ce risque (dont beaucoup de paramètres dépendent de régimes obligatoire aux règles complexes). Une partie du chemin semble néanmoins réalisée par les assureurs grâce à des simulateurs capables d’estimer le manque à gagner du client à son départ en retraite selon un âge de départ.
- Produits : guider le client de manière limpide sur les avantages du PER alors même que ce produit conserve un certain nombre de complexités : faire des arbitrages parmi les modalités de sortie de son épargne, parmi les options de fiscalité en entrée et en sortie, parmi les modes de gestion ou d’investissement.
- Inciter le client à investir dans de l’épargne long terme :
- En s’appuyant sur les caractéristiques du PER pour convaincre le client d’investir sur des supports financiers plus risqués : principe du pilotage par horizon, supports d’investissements socialement responsables et durables,...
- En proposant une offre de services complète (tous les compartiments/dispositifs, supports d’investissement,…) et des services additionnels (ex : garanties planchers pour les proches bénéficiaires,…).
Assureurs, nous pouvons vous aider à être au rendez-vous. Découvrez notre offre retraite.
… et perspectives de demain.
Les débats et tables rondes ont enfin été l’occasion de se projeter dans le futur possible des produits retraite.
Ainsi, il a été question d'assouplir encore les PER avec la création d’un PER-U (Plan d’Épargne Retraite Unique) qui résulterait de la fusion des actuels PERCO et PERO, mettant ainsi à disposition des entreprises un seul dispositif PER complet pour l’ensemble de ses salariés sans multiplier les supports.
Toujours dans le domaine de l’épargne collective à destination des entreprises, il a été fait un parallèle avec le monde des produits santé en supposant un futur ANI[3] de la Retraite qui constituerait, en quelque sorte, la conclusion naturelle de deux dynamiques actuelles : une tendance accrue du désengagement de l’État sur la protection sociale d’une part, et d'autre part l’attractivité des nouveaux produits PER pour les entreprises et leurs salariés (facilitant l’effort d’épargne des salariés et permettant de diversifier l’offre RH des entreprises voire leur politique de rémunération).
Enfin, des réflexions autour de l’innovation de nouveaux produits ont été mises sur la table, avec notamment le principe « d’épargne projet », dispositif qui serait en capacité de s’adapter à des besoins à long terme en lien avec la prise d’âge : besoins retraite, prévoyance et dépendance.
Romain Scoté, 28.10.2020
[1] Données issue de la Fédération Française de l’Assurance.[2] Une majorité des sommes étant issues de transferts d’anciens contrats PERP.[3] Accord National Interprofessionnel.À lire aussi :
Crédit photo : Anukrati Omar sur Unsplash