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RETRAITE & AUTONOMIE

ÉTUDE

Comment financer et préparer la retraite et perte d’autonomie ?

Matinale « Financement de la retraite et de la dépendance » : ce qu’il faut retenir des prises de parole le 28 septembre dernier.

Un bilan des PER très positif deux ans après la loi PACTE.

L’ensemble des participants s’accordent à juger le lancement et la commercialisation des PER réussi.Les chiffres parlent d’eux-mêmes :

  • Le nombre d’assurés est passé de 80 000 en décembre 2019 à 1,9 million en juin 2021,
  • Les volumes d’encours sont passés de 500 millions d’euros à 21 milliards sur cette même période.

Ce succès s’explique par les atouts indéniables du PER, soulignés par 10 Directeurs Généraux ou Épargne-retraite du secteur dans le cadre de l’étude qualitative* réalisée par YCE Partners en partenariat avec l’Argus de l’assurance au cours de l’été 2021 :

Le premier atout du nouveau PER est fiscal puisque les versements réalisés au titre d’un PER sont déductibles des revenus imposables. Le PER est également un formidable outil de transmission patrimoniale avec un taux d’imposition aux droits de succession moindre que dans le cadre d’un contrat d'assurance vie.

Le produit apporte également de nouvelles réponses aux lacunes et inconvénients des anciens produits : jugé plus simple, le nouveau PER lève toute contrainte relative à la sortie en capital et au déblocage anticipé en cas d’achat d’une résidence principale.Produit « tout en un », le PER matérialise une vision unifiée de l’épargne en favorisant la portabilité de l’épargne et des droits entre les différents dispositifs tout au long de la vie professionnelle et facilite le suivi de la relation client en appelant conseil et orientation des choix dans la durée (pour les étapes clés) dès la souscription du produit.

Si ce succès peut toutefois être nuancé (croissance principalement portée par le PER individuel et par le transfert d’anciens contrats), l’ensemble des acteurs interrogés dans le cadre de l’étude conduite en partenariat avec l’Argus de l’Assurance qualifient le potentiel du nouveau PER « d’immense » pour les prochaines années. L’augmentation du stock d’épargne des Français (résultat de la crise sanitaire) et la sensibilisation croissante de ces derniers sur le besoin d’épargner ces dernières années devraient accroitre l’intérêt pour le PER. Par ailleurs la réforme des retraites, bien que repoussée à une date ultérieure, devrait susciter un besoin de revenu supplémentaire et ainsi stimuler les souscriptions du PER.

Comment se différencier de la concurrence ?

Si les opportunités sont nombreuses pour les assureurs, le devoir d’accompagnement et de conseil mis en exergue dans la loi PACTE devra les amener à repenser progressivement le triptyque Offre / Service / Accompagnement de façon différenciée selon les réseaux de distribution et les clients, via notamment un recours croissant à la digitalisation pour s’adapter aux nouveaux usages.En résumé, nos principaux conseils aux acteurs du secteur :

  • Être "global player" dans la mesure du possible
  • Développer des réseaux commerciaux et des systèmes de distribution (pour toucher en volume)
  • Asseoir une dimension conseil pointue (et pas de vente 100% en ligne)

Perte d’autonomie : quel horizon pour les politiques publiques au-delà de la « gestion de crise » ?

Les déclarations des acteurs consultés, représentant directions ministérielles, caisses de sécurité sociale, porteurs de risques..., recueillies dans le cadre d’une autre étude qualitative**, réalisée elle aussi par YCE Partners au printemps/été 2021, mettent en évidence que la politique actuelle de protection de l’autonomie... n’est pas à proprement parler une politique de protection mais avant tout une politique curative, dite « hospitalo-centrée ». Or la réponse aux besoins de la société face au grand âge devra nécessairement s’inscrire, en complément, dans une logique de service et passer par une transformation systémique emportant prévention, financement, équipement, logement, aidants...

La vulgarisation des principes de prévention, l’évolutiondes comportements collectifs au quotidien doivent être au cœur de cette transformation. Ainsi, la généralisation dès 60 ans d’un dispositif, comme le programme ICOPE porté par l’OMS soutenu en France par Marie-Anne Montchamp, présidente de la CNSA, et par le Professeur Bruno Vellas, qui identifie six grands domaines à partir desquels il est aisé d’évaluer son propre niveau d’autonomie, permettrait d’éviter un cas sur deux de dépendance : la mobilité, la mémoire, la nutrition, l’état psychologique, la vision et l’audition.

Le « virage domiciliaire » appelé de ses vœux par le Gouvernement ne doit pas occulter non plus la nécessité de moderniser les Ehpad ni le coût de global de l’adaptation de la société à ce tournant (adaptation des logements, rémunération et formation du personnel…). La création de nouveaux métiers à l’instar des care managers*** s’impose également pour éviter l’essoufflement des aidants.

Les acteurs privés de la Protection sociale, encore peu présents sur ce marché : un manque à combler, ou une place à prendre.

La puissance publique, seule, ne peut faire face à la perte d’autonomie des Français et son anticipation : même si cette perte d’autonomie intervient sur une période très courte (en moyenne 4 ans jusqu’au décès à partir de la détection de la perte d’autonomie), elle représenterait un coût moyen de prise en charge de 120.000 € par personne, selon Thomas Nérot, Directeur de la distribution de Garance.

Dans ce contexte, les mutuelles, institutions de prévoyance et assureurs ont toute leur place. Nous avons la conviction que les acteurs privés de la protection sociale sont indispensables pour accompagner les Français dans la préparation de leur perte d’autonomie, pour la limiter au maximum et/ou y faire face le moment venu, par des conseils personnalisés, des outils d’épargne retraite / assurance autonomie et des services.

À titre d’exemple, AG2R La Mondiale propose à ses assurés une démarche de « projets de vie », en réalisant notamment un bilan global de la situation de leurs assurés à la liquidation de leur retraite, pour les inciter à se projeter à court et moyen-terme et à retarder, limiter voire éviter leur perte d’autonomie par des actes de prévention. AG2R La Mondiale propose également un parc immobilier dédié aux séniors. La mutuelle Garance, quant à elle, mise sur l’épargne à long-terme pour une transition la plus indolore possible en cas de perte d’autonomie en proposant à ses assurés un produit mixte, mêlant Assurance vie ou PER avec un produit dépendance.

Pour autant, si des initiatives comme celles-ci existent déjà, les difficultés de prise en main du risque dépendance par les assureurs restent tangibles. Pour avancer, les acteurs privés de la protection sociale peuvent se poser en agrégateur des différentes solutions aussi bien dans le cadre de contrats collectifs qu’individuels, aussi bien en retraite qu’en santé ou prévoyance, dans une logique de prévention et de continuité :

  • Sensibiliser à la problématique de l’aidance et de la dépendance dès l’âge actif
  • Développer des services de prévention le plus tôt possible, dès le début de l’activité
  • Diagnostiquer les problèmes à l’approche de la retraite
  • Éclairer sur les mesures individuelles à prendre : aménager le logement, prendre soin de sa santé, prendre une assurance dépendance pour compléter son revenu, mobiliser les aides publiques qui existent, orienter dans le choix d’un EHPAD…

Construire / investirdans un écosystème partenarial sur lequel s’appuyer pour enrichir les réponses en misant sur leurs atouts de proximité.

*Contactez Anthony Salic (asalic@yce-partners.fr) pour obtenir le détail de l'étude "PER : bilan et perspectives"**Contactez Cécile Waquet (cwaquet@yce-partners.fr) pour obtenir le détail de l'étude "Dépendance : comment appréhender ce risque ?"***

Le care manager est un expert médico-social chargé d’identifier les problématiques et besoins de la personne en perte d’autonomie, de définir un programme d’action personnalisé, puis de coordonner les prestations adaptées, le tout en tenant compte des contraintes financières. D’après le Conseil de l’âge (2019), il a pour mission de renforcer « l’intégration et la coordination du sanitaire et du social »

Camille Doaré, Anne Clausse, 04.11.2021

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