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RETRAITE & AUTONOMIE

ÉVÈNEMENT

Avenir de l'épargne retraite : les convictions des dirigeants du secteur

Trois ans après la loi PACTE : une dynamique forte du produit et un marché bien investi par les acteurs de la retraite supplémentaire

Trois ans après la loi PACTE, et ce malgré un contexte économique et politique complexe, les chiffres de l’épargne retraite témoignent d’une dynamique positive : les objectifs prévus pour 2022 ont été atteints en 2021 avec 3 millions de titulaires sur les nouveaux PER, et un encours supérieur à 300 milliards d’euros pour l’épargne retraite. Par ailleurs, fin 2021, les nouveaux contrats de PER assurance dépassent pour la première fois le nombre de transferts effectués.

Si ces chiffres sont encourageants, les potentiels de croissance sont encore importants. Sur le périmètre individuel, le taux d’équipement des TNS reste faible, et sur le collectif, le marché des TPE-PME est encore à investir. Le démarrage plus poussif du collectif s’explique notamment par la taille des encours en jeu, par les formalités de transformation compliquées, mais aussi par un contexte socio-économique global qui ne positionne pas nécessairement l’épargne retraite comme enjeu majeur pour les entreprises sur la période.

Étude InfoPro pour YCE Partners, Le plan d'épargne retraite, étude qualitative, 2022

Du point de vue des acteurs, les bancassureurs et assureurs se sont fortement positionnés sur le marché de l’épargne retraite au regard des opportunités existantes en matière de complétude de l’offre assurantielle (multi-équipement et fidélisation des bénéficiaires) et de diversification/ d’extension du portefeuille de couverture des risques. Malgré de fortes barrières à l’entrée, de nouveaux acteurs bousculent les pratiques de l’épargne retraite et permettent de stimuler les innovations du marché (ex. : apparition puis généralisation des robo advisor au sein des offres). Des partenariats se forment entre acteurs traditionnels et challengeurs, favorisant la création de synergies de réseaux ou de métiers, et permettant à l’assureur d’assumer pleinement un rôle « d’assembleur de solutions ».

Pédagogie et simplification : deux mots clefs pour l’assureur de demain

Un certain nombre d’obstacles et de limites intrinsèques aux produits d’épargne retraite freinent encore leur essor. La méconnaissance, voire la défiance des Français envers le système et les produits de retraite reste encore forte : 57% des non retraités disent ne pas avoir confiance dans le système de retraite[1]. La problématique des frais opaques et élevés, ainsi que la nouvelle réglementation en vigueur depuis le mois de juin, cristallisent également les débats. Un point à nuancer pour certains acteurs pour qui le sujet ne constituerait pas un obstacle de premier plan : d’abord parce qu’il ne l’a pas été pour l’assurance vie malgré des niveaux de frais similaires ; ensuite parce que la proposition de valeur d’une démarche d’accompagnement et de conseil reste le critère prédominant. Enfin, la complexité sous-jacente des produits pénalise les niveaux de souscription. La fiscalité du PER et la diversité des modalités de sortie selon les compartiments en sont une illustration concrète. Face à ces constats et ce dans un travail de réflexion, YCE Partners engagera une étude sur les contours de ce que serait une potentielle réforme PACTE II et ses impacts sur le PER.

Forts de ces constats, les acteurs de la retraite mais également les entreprises doivent s’appliquer à déployer des efforts de simplification des produits et de pédagogie. Mettre davantage en avant les bénéfices de la gestion pilotée; proposer une gamme restreinte d’UC; miser sur le PERu; simplifier le vocabulaire… autant de leviers actionnables pour simplifier le discours et in fine rassurer les clients. Trouver le bon équilibre entre recours aux outils digitaux et rebond sur l’expertise humaine fait également l’unanimité. Le premier pour simplifier, le second pour rassurer et expliquer si besoin. Enfin, et surtout, un changement de paradigme dans la relation assureur / assuré est nécessaire : passer d’une relation souvent limitée aux moments de vie difficiles, à une relation de proximité grâce à une démarche proactive de l’assureur (notion «d’aller vers»). Les régimes obligatoires s’inscrivent pleinement dans cette démarche avec par exemple la mise à disposition par l’Agirc-Arrco d’un simulateur intégrant l’ensemble des régimes (10 millions de simulations réalisées depuis son lancement il y a environ un an). Des efforts qui sont à poursuivre pour valoriser une pédagogie inter-régimes au service notamment d’une vision de l’épargne sur le long terme. Les assureurs et bancassureurs ont également investi cette logique en adoptant une approche en termes de projets de vie pour qualifier le besoin d’épargne de l’assuré.

Étude YCE Partners, Accompagnement et préparation à la retraite : comment répondre aux nouvelles priorités des usagers ?, septembre 2022

En complément des acteurs du marché, les entreprises, par l’intermédiaire de leurs DRH, ont un rôle essentiel à jouer : 80% des salariés attendent des informations de la part de leur entreprise sur leur épargne retraite[2].En premier lieu car l’épargne d’entreprise constitue généralement une première porte d’entrée facile vers l’épargne puis vers la retraite : un salarié sur deux du privé est équipé d’un dispositif d’épargne retraite. Ensuite parce que les Français manifestent moins de défiance envers leurs DRH qu’envers les intermédiaires financiers. À ce titre, la formalisation d’une offre à destination des DRH, via notamment la constitution d’une plateforme, est une piste à l’étude chez certains acteurs.

« La retraite, pas qu’une affaire de vieux » : un sujet primordial pour le bénéficiaire et son assureur

Au-delà de ces évolutions clefs à mettre en place par l’assureur de demain, un des défis majeurs à relever reste la sensibilisation puis l’acquisition de la clientèle jeune (25 – 40 ans). Si la préparation de l’après vie active a encore lieu en moyenne deux à quatre ans avant l’âge de départ, les acteurs du marché notent une prise de conscience conscience certaine, chez les plus jeunes, des sujets retraite depuis quelques mois. Chiffre très parlant, les jeunes épargnent de plus en plus tôt : 32 ans en moyenne aujourd’hui contre 46 ans pour les retraités actuels.

Du point de vue de la demande, les enjeux d’une prise de conscience des jeunes quant à la nécessité de préparer leur retraite sont importants : la problématique du taux de remplacement (74% pour les non-cadres du secteur privé[3], 50,2% pour les cadres du secteur privé[4]) et de l’évolution des parcours de vie des jeunes générations (ex. : carrière internationale, statut d’entrepreneur…) en sont deux principaux.

Du point de vue de l’offre, in fine, l’acquisition de la population jeune constitue un enjeu clé de multi-équipement et de fidélisation client sur le long terme. Une approche qui s’inscrit au cœur de la stratégie des assureurs s’orientant vers un modèle B2C, et d’un accompagnement des bénéficiaires tout au long de leur carrière et de leurs projets de vie.

Références :

[1] Sondage ODOXA pour Groupama, Baromètre « les Français et la retraite » Vague 2, 2022

[2] Ibid.

[3] DREES, « Les écarts de pensions de droit direct entre générations », Les retraités et les retraites, 2022, p.68

[4] COR, « Évolutions et perspectives des retraites en France », Rapport annuel du COR, 2022, p.151

Pour aller plus loin :

  • En l'occurence pour aller à l'essentiel : découvrez nos convictions en 1.600 caractères
  • ... et bientôt les deux études réalisées à l'occasion de la Matinale Retraite 2022
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